C'est la question qui se pose à Romain à quelques jours de l'accouchement de Louise. Il avait pourtant espéré que la paternité pousse en lui à mesure que l'enfant se développait dans le ventre de sa compagne. À deux semaines de la naissance d'Alessia, il doit se rendre à l'évidence : son amour reste entièrement réservé à Louise et il est incapable d'éprouver des sentiments pour la petite fille qui arrive. Tout se précipite lorsqu'une tempête s'abat sur la ville. Louise ressent les premières contractions et se rend à la clinique où d'importants dégâts l'obligent à partager la salle de travail avec Sandrine, une autre femme dont l'accouchement est imminent. Le mari de Sandrine ne viendra pas, il s'est désintéressé de la grossesse de sa femme depuis qu'il sait qu'elle va encore avoir une fille, et Romain n'a pas d'autre choix que d'assister les deux femmes pendant leur travail, tenant la main de l'une, de l'autre, puis des deux en même temps, tandis qu'elles souffrent. Deux femmes, deux accouchements et deux naissances en quelques heures : c'est beaucoup pour un homme qui a déjà du mal à assumer la perspective d'être père... Qui plus est s'il s'agit de deux nouveau-nés aux sorts contraires. Car Alessia va bien, mais Romain ne parvient ni à la prendre dans ses bras ni à prononcer son prénom. Tandis que l'autre petite fille, elle, est née avec une lourde malformation cardiaque et se voit dirigée aux urgences pédiatriques. En quatre jours, Romain devra surmonter un choc terrible pour que toutes ses certitudes – ou plutôt ses incertitudes – s'effondrent devant les implacables, magnifiques et terrifiantes exigences de la vie. Pour qu'enfin il crée un lien charnel avec son enfant et libère, comme après un hiver trop long, toute l'affection contenue en lui.