Le nouvel « Opus » d’Hugues Aufray s’appelle Autoportrait. Et, de fait, la couverture du disque est le visage quasi-christique de l’artiste, peint sur deux planches de bois de récup’ en 1999. Les douze chansons que renferme l’album, effectivement, retiennent les traits saillants qu’on prête en général à l’éternel Troubadour : à la recherche de nos racines, et une attention particulière aux « Gens de peu », plus particulièrement ceux qui ont sué sang et eau pour permettre à d’autres de se lover et de grandir dans le fameux American Way of Life. Le disque s’ouvre d’ailleurs sur le seul vrai contrat qui lie le riche au pauvre : la question de l’argent : dans Paie-moi ce que tu m’dois, negro spiritual, le matelot somme son capitaine de régler les arriérés qui lui sont dû. L’l’héroïque John Henry –exemplaire poseur de rails qui paye de sa vie pour nous rappeler « l’homme n’est pas un robot »…le malheureux « Swagman » ouvrier de passage, nous propose le partage de La Mathilda…et ce vieux flambeur de Dan Tucker ne serait-il pas un autoportrait ! Nous nous promenons aussi à travers les styles et croisons les figures de ceux qui les font vivre, depuis toujours, à nos oreilles : Lead Belly, Josh White, The Weavers, Pete Seeger, Bob Dylan, Ray Charles, Bruce Springsteen, Johnny Cash, Tom Waits, et Mississippi John Hurt …Hugues conclut l’album par un Hasta Luego d’espérance qui annonce un nouveau départ du chanteur sur la route, signe de fraternité dans le soleil couchant. Car ce disque de vent, de mer, de fleuve et de terre dessine avec une telle précision le portrait du chanteur qu’on ne s’y trompe jamais : nous venons bien de converser, avec Hugues Aufray, l’homme aux semelles de tempête. Une magnifique reprise de Stewball en duo avec Michael Jones figure également dans l’album.