Comparable aux luttes pour l'avortement (1970) et pour la parité (1990), le mouvement de protestation féminine récent déclenché par l'« affaire Weinstein » — véritable métaphore des agressions sexuelles et des liens entre jouissance et pouvoir — fait partie des moments d'Histoire, où se condensent les colères, où naissent les révoltes. C'est un acte collectif d'émancipation. Au-delà de l'anecdote ou du fait divers, cet événement est pluriel, historique et politique : parce qu'il fait basculer l'un des hommes les plus puissants du monde (à la fois « chef » et « prédateur ») ; parce qu'il a encouragé plusieurs milliers de femmes à demander justice et à remettre en cause un rapport de force ; enfin parce qu'il concerne aussi les hommes, leur masculinité et leur ressenti de la domination masculine. À l'inverse des prises de position rétrogrades et culpabilisantes qui visent à inhiber ou à opposer, ce livre collectif réunit les « prises de parole » et les « prises d'écriture » d'autrices et d'auteurs — militantes et militants, chercheuses et chercheurs, créatrices et créateurs, victimes ou non… —, qui, sans nier leurs divergences, s'accordent pour dénoncer les injustices et les violences réelles (professionnelles, économiques, sexuelles...) subies par les femmes aujourd'hui et réaffirment la nécessité de les combattre, de les penser et de les représenter. Partant de la révélation de « l'affaire Weinstein » et des effets mondiaux de sa dissémination (#MeToo, #BalanceTonPorc…), cet ouvrage pluridisciplinaire précise les enjeux des débats et des mobilisations, et les met en perspective au regard des réflexions récentes sur les violences de genre, le consentement, l'émancipation citoyenne et artistique des femmes, et l'égalité des sexes.