Saturés de connexions, sommés d'être libres, comptables de l'amour et entrepreneurs de nous-mêmes, nous sommes épuisés par la société de la performance. Ayant perdu la faculté de désirer, le sujet contemporain, tel un personnage du best-seller 50 nuances de Grey, ne voit plus dans le monde que son propre reflet. C'est l'"enfer de l'identique", cette aporie née d'une jouissance pauvre qui rapporte tout à soi, au moindre coût. Comment résister à cette mort programmée du désir ? Dans Melancholia de Lars von Trier Justine est sauvée par l'irruption de l' "autre". Marsile Ficin, lui, chante l'amour qui blesse et qui métamorphose. Le texte acéré de Byung-Chul Han est d'une justesse vivifiante. "Le désir de l'autre cède la place au confort du même."